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 HQI, HPI, Autisme : faire la clarté pour sortir des confusions

  • Photo du rédacteur: Audrey Hesseling
    Audrey Hesseling
  • 2 août
  • 4 min de lecture

De plus en plus de personnes adultes reçoivent un diagnostic d’autisme… après avoir été, dans un premier temps, orientées à tort vers une étiquette de HPI.


Cette erreur d’aiguillage n’est pas anodine : elle retarde une compréhension juste de soi, peut nuire à l’accès à un accompagnement adapté, et entretient des confusions majeures entre des notions très différentes.


Dans cet article, j’aimerais faire le point sur :

  • Ce que sont (ou ne sont pas) le HPI et le HQI,

  • Pourquoi ces notions ne relèvent pas du champ médical,

  • Et en quoi elles peuvent brouiller le repérage de l’autisme.


🌸 HQI, HPI… de quoi parle-t-on vraiment ?


Le HQI (Haut Quotient Intellectuel) désigne un score obtenu à un test de QI supérieur à 130. C’est un chiffre, un résultat chiffré standardisé, issu d’un outil statistique. Ce n'est en aucun cas un diagnostic médical.


Le test de QI a été conçu au départ dans un but éducatif, par Alfred Binet au début du XXe siècle, pour aider à repérer les enfants ayant besoin de soutien scolaire. Il s’agissait d’un outil de dépistage, et non d’un étalon absolu de l’intelligence.


Par la suite, ces tests ont été adaptés et réutilisés aux États-Unis à d’autres fins, notamment :

  • pour recruter des soldats pendant la Première Guerre mondiale (test de l’armée américaine, Army Alpha),

  • pour trier les populations immigrées à Ellis Island,

  • ou encore pour identifier des "talents scientifiques" dans le cadre de politiques élitistes.


👉 Ces usages ont souvent été marqués par des biais racistes, classistes et eugénistes, et ont largement contribué à faire du QI une pseudo-mesure de "valeur humaine", ce que même Binet rejetait.


Aujourd’hui encore, les tests de QI restent fortement influencés par le milieu socio-culturel, l’éducation, la langue, et ne rendent compte que d’un type particulier de fonctionnement cognitif, souvent normé selon des critères occidentaux.


👉 Cela signifie qu’ils ne sont valides que dans certaines cultures, chez des personnes alphabétisées, familiarisées avec des codes scolaires et langagiers normés.

Les tests de QI ne mesurent ni la créativité, ni l’intelligence émotionnelle, ni l’intuition, ni les capacités pratiques, et sont donc très loin d’englober l’ensemble des formes d’intelligence humaine. Leur usage doit être interprété avec prudence, en contexte.



Le HPI (Haut Potentiel Intellectuel), lui, est une construction plus floue : il n’a aucune définition scientifique stable, n’est pas reconnu comme un diagnostic dans les classifications internationales (ni DSM, ni CIM), et son usage varie beaucoup selon les professionnels. Certains y voient une forme de "fonctionnement particulier", d'autres une manière de décrire des profils d'enfants très performants… mais rien ne fait consensus.


Voici les différents usages actuels du terme :

France : HPI = HQI + fonctionnement atypique + hypersensibilité

US : HPI = HQI + Forte créativité et engagement élevé

Canada : HPI = Utilisation mixte entre France et US

Allemagne : HPI = HQI

....

Le HQI est un score. Le HPI est une interprétation variable autour de ce score. Aucun des deux n’est un trouble, un handicap ou un diagnostic.


🌸 Être HQI ne pose pas de problème… en soi


Il est important de le rappeler : avoir un QI élevé n’est pas un trouble, et ne cause pas de souffrance en soi. Ce qui peut poser problème :

  • le décalage avec l’environnement (scolaire, social, professionnel),

  • ou des traits neurodivergents non reconnus (souvent confondus avec le HQI).


Mais ce n’est pas l’intelligence en tant que telle qui crée des difficultés. Une étude française de 2019 et très fiable à démontrée que :

  • Les élèves à QI élevé obtiennent de bien meilleurs résultats scolaires que leurs pairs 

  • Ils présentent une motivation intrinsèque et extrinsèque plus élevée, ainsi qu’un sentiment de self-efficacy académique plus marqué, et moins de démotivation

  • Leurs performances scolaires sont moins influencées par le niveau d’éducation des parents par rapport aux autres élèves

  • Ils sont bien intégrés socialement

  • Ils ont de fortes compétences en intelligence et régulation émotionnelle

  • En résumé, le QI élevé est associé à de meilleures performances académiques, avec une motivation et une confiance solides, indépendamment du contexte familial.



🌸 Pourquoi ce flou pose problème


En France, certains professionnels (souvent peu formés aux neurodéveloppements) interprètent des signes d’autisme, comme l'hypersensibilité, les difficultés relationnelles, la pensée divergente, le besoin de routines, le besoin de sens, etc... comme de simples "manifestations d’un HPI".


Cela peut conduire à des non-diagnostics d’autisme ou à des retards d’identification importants, notamment chez les femmes, les personnes camouflantes, ou les adultes.

Exemple courant : Une personne ayant des difficultés à comprendre les implicites sociaux, souffrant d’hypersensibilités sensorielles, et épuisée par le camouflage… à qui l’on dit qu’elle est "juste trop intelligente et sensible".

-> Je parle ici d'autisme mais celà est valable aussi pour toute autre neurodivergence (TDAH, DYS, ...)



🌸 Ce que cela invisibilise


  • Les vrais besoins d’aménagement (repos sensoriel, communication adaptée, rythmes flexibles).

  • Les souffrances liées à l’autisme non identifié (burn-out, anxiété chronique, isolement).

  • L'impact des comorbidités comme l’alexithymie, les troubles attentionnels ou les troubles anxieux.




🌸 Alors, comment démêler ?


  • Ne pas confondre fonctionnement intellectuel et neuroatypie

  • S’informer auprès de sources fiables sur le spectre de l’autisme, et ses présentations variées

  • Faire évaluer par des professionnel·les formé·es à l’autisme chez l’adulte, en particulier quand il y a des signes cliniques durables (même masqués)



La confusion entre autisme et HPI est fréquente en France… mais elle est évitable.


👉 Le HQI n’est pas un diagnostic.

👉 Le HPI est une notion floue.

👉 L’autisme est une neurodivergence aux expressions très diverses, souvent mal repéré chez les adultes.


Clarifier tout cela, c’est permettre à chacun·e de mieux se comprendre, d’être mieux accompagné·e… et de ne pas se perdre dans des étiquettes séduisantes mais parfois inadaptées.



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