Alexithymie et autisme : et si on s’était trompé de coupable ?
- Audrey Hesseling

- 1 août
- 2 min de lecture
Quand on parle d’autisme, l’un des stéréotypes les plus répandus est celui d’une personne « froide », « déconnectée de ses émotions » ou « incapable d’empathie ». Pourtant, de plus en plus de recherches suggèrent que ces difficultés émotionnelles souvent associées à l’autisme ne sont pas causées par l’autisme en lui-même, mais par une condition distincte qui lui est fréquemment associée : l’alexithymie.
Qu’est-ce que l’alexithymie ?
L’alexithymie (du grec « a » = absence, « lexis » = mot, « thymos » = émotion) désigne la difficulté à identifier, nommer et exprimer ses émotions. Cela ne veut pas dire qu’on ne ressent rien — au contraire, les personnes alexithymiques ressentent souvent très intensément, mais ont du mal à mettre des mots sur ce qu’elles vivent intérieurement.
Elle peut aussi affecter :
la compréhension des émotions des autres
l’imagination ou la pensée symbolique
la régulation émotionnelle
L’alexithymie n’est pas une émotion en moins, c’est un langage émotionnel en brouillard.
L’alexithymie : une comorbidité, pas un symptôme de l’autisme
Les études estiment qu’environ 50 % des personnes autistes présentent aussi une alexithymie — contre environ 10 % dans la population générale. C’est beaucoup, mais ce n’est pas systématique : toutes les personnes autistes ne sont pas alexithymiques, et inversement, toutes les personnes alexithymiques ne sont pas autistes.
Cela signifie que les difficultés émotionnelles fréquemment observées chez les personnes autistes ne sont pas directement causées par l’autisme, mais par la présence conjointe de l’alexithymie. On parle alors de comorbidité — deux conditions qui peuvent coexister, mais qui ne sont pas la même chose.
Pourquoi c’est important de faire la distinction ?
Parce que confondre les deux, c’est nourrir des préjugés. Si on croit que l’autisme = froideur émotionnelle, on invisibilise :
les autistes très sensibles émotionnellement
les autistes qui perçoivent finement les émotions, mais ne les codent pas de façon neurotypique
la diversité des profils, tout simplement
En reconnaissant l’impact spécifique de l’alexithymie, on peut :
✅ proposer des accompagnements adaptés (travail sur la reconnaissance émotionnelle, thérapies corporelles, outils visuels, etc.)
✅ déculpabiliser les personnes concernées
✅ améliorer la compréhension mutuelle dans les relations personnelles et professionnelles.
En résumé
L’autisme n’implique pas nécessairement une difficulté à ressentir ou comprendre les émotions. Ce sont souvent des facteurs associés, comme l’alexithymie, qui compliquent la relation aux émotions — et ce n’est pas la même chose. Repenser cette distinction permet de sortir des clichés et de mieux accompagner chacun selon son propre profil.



