Autisme et comorbidités : ce qui brouille la compréhension
- Audrey Hesseling

- 1 août
- 3 min de lecture
L’autisme est souvent mal compris, en partie parce que ce qu’on perçoit comme étant « l’autisme » est en réalité un mélange de plusieurs éléments : les particularités autistiques elles-mêmes, plus des comorbidités très fréquentes… mais souvent ignorées ou confondues avec le cœur du diagnostic.
Résultat : pendant longtemps, l’image publique (et médicale) de l’autisme a été faussée, en particulier par une confusion avec la déficience intellectuelle ou d’autres conditions non spécifiques.
📚 Que sont les comorbidités ?
Une comorbidité, c’est la présence d’une ou plusieurs maladies ou particularités en plus du diagnostic principal. Dans le cas de l’autisme, cela peut inclure :
Déficience intellectuelle (DI)
TDAH
Troubles anxieux
Troubles du sommeil
Troubles du langage
Alexithymie
Épilepsie
Divergences sensorielles
Troubles digestifs
Etc.
Ces comorbidités ne font pas partie de l’autisme en soi, mais elles sont fréquentes chez les personnes autistes. Et elles peuvent avoir un impact énorme sur la vie quotidienne.
❗ Une confusion historique avec la déficience intellectuelle
Pendant des décennies, l’autisme a été largement associé à une image de déficit global, souvent basé sur les cas les plus visibles et les plus sévères — notamment ceux combinant autisme et déficience intellectuelle.
Pourquoi cette confusion ?
Les premiers critères diagnostiques de l’autisme étaient flous et centrés sur les formes très sévères.
Beaucoup de personnes autistes sans DI étaient ignorées ou mal diagnostiquées (souvent vues comme « bizarres », « anxieuses », « solitaires », ou suradaptées).
Le manque de langage oral était souvent interprété comme un signe de retard mental, alors qu’il peut exister indépendamment de la compréhension intellectuelle.
Dans les institutions, les personnes autistes avec DI étaient sur-représentées, ce qui a biaisé la vision clinique et sociale de l’autisme.
Résultat : pendant longtemps, on a pensé que l’autisme = déficience intellectuelle, alors qu’en réalité :👉 environ 30 à 40 % des personnes autistes ont une DI,👉 ce qui signifie que 60 à 70 % ne l’ont pas.
💥 L’impact des comorbidités : plus que des “à-côtés”
Les comorbidités ne sont pas anecdotiques. Elles amplifient les difficultés, influencent les trajectoires de vie, et peuvent rendre le diagnostic plus difficile ou plus tardif.
Exemples concrets :
Une personne autiste avec TDAH peut sembler "trop agitée" pour qu’on repère son autisme.
Une dépression sévère peut masquer les traits autistiques.
Un trouble du langage peut être confondu avec un retard cognitif, même si la pensée est très fine.
Des troubles sensoriels extrêmes peuvent être pris pour de l’opposition ou de l’anxiété chronique.
Cela rend l'accompagnement plus complexe… et plus nécessairement individualisé.
👀 Pourquoi c’est important de faire la différence
Parce que mieux distinguer l’autisme de ses comorbidités, c’est :
mieux comprendre les personnes concernées dans toute leur diversité,
éviter les erreurs de diagnostic ou les stéréotypes,
proposer des accompagnements plus ciblés et efficaces,
et redonner leur juste place aux personnes autistes non déficientes intellectuellement, longtemps invisibilisées.
🧭 Vers une vision plus fine de l’autisme
Aujourd’hui, on parle de spectre de l’autisme justement pour refléter cette diversité. Mais cette diversité ne vient pas uniquement des traits autistiques : elle vient aussi de ce qui s’ajoute autour, et qui change énormément la manière dont une personne vit son autisme.
L’objectif n’est pas de tout séparer, mais de mieux comprendre ce qui relève de quoi, pour éviter les amalgames et construire des ponts — entre science, société et vécu.



